Aisne Determination des origines du cerf

AISNE. L'ouverture de la saison de chasse est marquée par le lancement de recherches sur l'origine des cerfs. Sont-ils tous vraiment de chez nous ?

SIX cents cerfs sont tués, chaque année, dans l'Aisne pour une population estimée à mille huit cents têtes. Ce sont les hôtes de nos bois mais personne ne sait d'où ils viennent vraiment.
La Fédération départementale des chasseurs a décidé de lancer des recherches sur la situation génétique de ce grand gibier en liaison avec des scientifiques belges. Elle souhaite disposer d'éléments fiables permettant de mesurer l'importance de la consanguinité de l'espèce, la place de lâchers clandestins provenant d'élevages, l'origine des souches rencontrées. Deux cents prélèvements par an sont prévus avant leur étude par l'Institut des sciences de la vie de Louvain. Il dispose déjà d'une banque de données imposante. Dans la pratique, c'est un étudiant qui devrait être employé à cette collecte.
La Fédération a prévu la somme de 7 000 euros pour cette étude qui laisse la place à beaucoup d'hypothèses. « Je ne serais pas surpris de trouver des traces de cerfs d'élevage », prévient Bruno Doyet, directeur de la Fédération.


Apparences trompeuses

Trois massifs vont être particulièrement investis, Saint-Gobain, Sissonne et Villers-Cotterêts. Ils accueillent des populations importantes. D'autres prélèvements seront pratiqués ailleurs pour disposer d'une photographie aussi nette que possible de la situation. « Depuis très longtemps, les cerfs et biches ont connu un brassage. C'est important de comparer la situation d'aujourd'hui avec celle dans dix ans. Nous voulons savoir si l'espèce s'est maintenue ou si elle a été gagnée par d'autres origines comme l'écossaise », souligne encore le directeur.
Une présence qui repose sur un cas constaté dans la Marne qui n'est pas passé inaperçu.
Un cerf gigantesque, soupçonné de venir dans l'Aisne, a ainsi été abattu dans la Montagne de Reims en décembre. Les investigations sur son ADN ont prouvé que cet animal vivant au pays du champagne venait en fait d'un élevage de la contrée du whisky !
Certains avancent même le fait qu'il ait été dopé pour améliorer sa masse musculaire, comme un catcheur américain. Même au fond des bois, le naturel perd quelquefois du terrain !