Mon triplé de sangliers

S’il est un sanglier,…Je devais même dire des sangliers dont je ne suis pas fier, ce sont  mes trois premiers sangliers. L’histoire à quand même un côté assez singulier pour mériter d’être racontée.

Cela remonte à plus de quarante ans. J’étais parti avant le jour, ce matin-là, à travers champs vers une petite rivière pour la passée aux canards. Cette rivière longe le canal du Berry qui à l’époque n’était déjà plus navigable mais où les maisons des éclusiers étaient toujours occupées par des gens qui étaient en général d’une extrême pauvreté.

Après le lever du jour, je vis de l’agitation, je perçu des cris au bord du canal à environ deux cent mètres de moi et je compris donc que l’on sollicitait mon aide. Croyant à un accident je me précipitai.

A mon arrivée sur les lieux je me trouve face à une bien curieuse scène: L’éclusier ayant vu plusieurs sangliers qui après avoir traversé le canal avait du mal à reprendre pied sur les rives bétonnées abruptes et glissante, avait ouvert les trappes de l’écluse pour créer un courant et son fils d’un côté lui de l’autre pour les empêcher de reprendre pieds, ces pirates avaient réussi à en enfermer trois dans l’écluse. Ils se retrouvaient donc avec des animaux de taille respectable qui pataugeaient dans la vase au fond de la dite écluse.

Le problème c’était de descendre avec une échelle, les attraper, les estourbir et de les élinguer pour les remonter. Il y avait gros à parier que les sangliers, eux n’aurait jamais accepté de participer à ce scénario de leur plein gré. Le bonhomme tout naturellement sollicitait l’aide de mon fusil
Maintenant, je l’enverrais balader. A cette époque j’étais jeune et  moins assuré que maintenant. J’avais de plus compris que c’était l’opportunité d’une réserve de viande inespérée pour une famille nombreuse. J’ai donc accepté d’exécuter les trois prisonniers avec la promesse que le secret soit bien gardé . Mon grand-père était président de la société de chasse et si cette histoire avait transpiré, j’aurai sûrement entendu parler du pays.
Voilà comment sont morts mes premiers sangliers !  Tirés depuis le haut d’une écluse. Vous voyez il n’y a pas de quoi en être fier. Le destin a probablement tenu à me punir car depuis, je n'ai jamais plus réalisé un triplé de sanglier. Des doublés, oui! Mais plus de triplés

Merci du partage d'un secret de 40 ans

Merci pour le partage !

Faute avouée a demie pardonnée...

Effectivement, c'est pas très glorieux  Pour te consoler, tu as au moins l'excuse d'avoir aidé une famille à se nourrir, si aujourd'hui, on ne chasse plus pour la viande, il ne faut pas oublier qu'à une époque, on (tout du moins certains) le faisait par nécessité. Est-ce que tu as eu droit à un gigot au moins ?

Non! j'ai refusé le gigot car j'aurais été obligé de dire d'ou il venait. Et je voulais à tout prix éviter d'avoir à donner des explications

Visiblement la saveur du gigot ne t'es pas restée, par contre celle du récit restera à jamais, merci pour ces superbes histoires !

De toute façon, ils auraient eu un petit goût de vase ces sangliers, tu n'as rien perdu !

Merci pour l'anecdote, pas très glorieux certes, mais bon on parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, comme dirait l'autre !