Je rêve ou quoi ?

Ah, quelle bande !

Il y avait une paire de gars qui tenaient plus ou moins bien sur leurs jambes, l’un parce qu’il avait abusé du whisky, l’autre pour de plus honorables causes.

Il y avait le chef, un jeunot dont on ne savait pas trop bien s’il venait en reportage pour le site ou pour tirer la grosse oie.

Il y avait bien sur le franco-belge africain, les cheveux longs dissimulés sous une capuche protectrice, toujours prêt pour la déconne, un habitué des voyages cynégético-culturels…

Il y avait le dessinateur, le photographe, l’expert en tout, le bon à rien, le ramasseur de morilles, le conteur, l’artiste, l’abruti, le néophyte, le nouveau membre un peu perdu, l’équipementier, la Diane chasseresse, le casse couilles, le rigolard…bref, une belle brochette de joyeux lurons qui en avaient plein les yeux.

Car pour en avoir plein les yeux ils en avaient plein les yeux …et d’abord plein les oreilles : on les entendait, au loin avant qu’elles arrivent, on en tremblait d’émotion.
Ou de froid, car on se les gelait bien grave : il avait beau dire, lui, il avait l’habitude, mais moi, j’avais beau avoir connu des gros coups de froid en Camargue, là, ça caillait dur !

Il s’était occupé de tout, on était comme des rois.

On allait faire la passée aux oies.
Pas de chien, pas besoin, chacun sa propre pétoire, chacun son abris de fortune dans un coin de prairie, chacun les yeux rougis, les mains gelées, le souffle court.

Le souffreteux souffrait mais il serrait les dents, il tenait droit, il se revivifiait, surement l’air marin, l’iode. Il avait voulu, il avait espéré cette chasse, il pensait la dernière, il se trompait, il se régénérait, il rajeunissait.
L’abruti ne savait pas comment se placer, il allait, il venait, il ne tenait pas l’affût.
Le dessinateur et le photographe en avaient plein les yeux, ils emmagasinaient les images, dans leurs têtes, pour toujours.
Le cueilleur de champignons avait le nez par terre, les yeux grands ouverts, mais il faisait déjà sombre…
Le nouveau membre prenait de l’assurance, la Diane se fondait dans la nuit, louve à l’affut, tous les sens aux aguets, elle était magnifique.

Les oies arrivaient, serrées, elles cacardaient de concert, certaines plus isolées semblaient siffler.
On attendait le signal.

Le chef s’est levé d’un coup.

Moi aussi.

C’était si réel, je rêve ou quoi ?

Mais arrêtes de fumer la moquette, ça te fait du mal !...

Selon un air connu...

Je me voyais déjà traverser la grand mer,
le groupe accoster , serrer dans nos bras notre pote Insulaire
il a tout préparé, on est vraiment les rois
les rois de PLC, de la rigolade
tous des camarades
on va tirer les oies !

Je me voyais déjà...

Au top !

ça va être difficile de se faire invité par Insulaire, il a peur que le chef veuille tirer sa grosse oie, et si on laisse le chef à quai ?

Super Jean-Paul .........

On devine à peine dans ton récit les différents acteurs que tu mets en scène

Bien vu en tout cas !!!

Moi, en tout cas je me suis reconnu... Tres drole JP!
La description des conditions me semblait presque familiere! Cependant, tu as oublie la tempete et la pluie a l'horizontale, cela fait partie de toute chasse aux oies qui se respecte aux Orcades...
PAs trop le temps d'en ecrire plus car je suis un peu plus au nord (aux Iles Shetland) en train de traquer les belles farios de lac (le plus difficle, c'est de trouver les lacs dans le brouillard...).
A plus les joyeux lurons, lorsque je serai de retour en terre orcadienne...

Oh j'ai chaviré, c'est un drôle de rêve
avec la tempête, les embruns de pluie j'ai perdu la tête,
j'ai raté mon oie, j'en ai les bras ballants
Mais un jour viendra, je leur montrerai que j'ai du talent...

(talent ou pas il me manque surtout...le vécu !)

Salut Jean-Paul!
Je suis parvenu à trouver le lac!!! Le problème, c'est que lorsque le brouillard s'est décidé à se lever, il commençait à être un peu tard pour pêcher... Mais bon, il fait toujours assez clair sous ces latitudes, même à minuit, pour repérer des truites qui mouchent jusqu’à une vingtaine de mètres ou pour refaire un bas de ligne sans l'aide d'une lampe!

J'arrive même pas à me rendre compte ........................

Reprenons, Didier... Que veux-tu que je t'expliques?
(Ah, ces Belges!)

Non, mais faut comprendre qu'on a du mal à se rendre compte de tout ça, de la lumière même la nuit, de la pluie à l'horizontale...

Bonjour Blaser et JP,
C'est vrai que je me suis maintenant habitué à tous ces particularismes du Nord de l'Europe... Les Orcades se trouvent à la même latitude que Stavenger et les Shetlands au niveau de Bergen...
Cependant, grâce aux Gulf Stream qui passe à quelques encâblures à l'ouest de nos côtes, les températures descendent rarement en dessous de 0 en hiver, mais l'effet de vent froid annule ces températures relativement clémentes!
Vers la fin juin, je me suis vu pêcher sur les lacs jusque vers minuit et demi, échouer la barque pour une petite tasse de café et un casse-croûte alors qu'il commence à faire un peu trop sombre pour repérer les gobages ou changer de mouche, avant de reprendre vers 2h du matin alors que le soleil se lève au nord!!!  
Cest vrai que c'est assez difficile à imaginer tant qu'on ne l'a pas vécu.

oui, c'est bien ça, il faut le voir pour le croire et on est tous un peu comme Saint Thomas

C'est cool ça, passée du soir et hop, deux heures après volée du matin !

Antoine, tu es doué pour la photographie, rien à dire.

Je comprends que cela puisse être difficile à concevoir tant qu'on ne l'a pas vécu mais imaginez vous qu'à quelques centaines de km au nord de chez moi il fait jour tout le temps en ce moment... hallucinant comme impression... ici le soleil descend à peine derriere l'horizon, on a un crépuscule de quelques heures... et ca repart!

calahan a écrit:C'est cool ça, passée du soir et hop, deux heures après volée du matin !

Par contre en hiver, passée du soir a 15h30 et volée du matin a 8h... !

Kapow a écrit:Antoine, tu es doué pour la photographie, rien à dire.

Je comprends que cela puisse être difficile à concevoir tant qu'on ne l'a pas vécu mais imaginez vous qu'à quelques centaines de km au nord de chez moi il fait jour tout le temps en ce moment... hallucinant comme impression... ici le soleil descend à peine derriere l'horizon, on a un crépuscule de quelques heures... et ca repart!

Oui, Nicolas, je pensais justement à toi quand j'essayais de décrire ces sensations. Chez toi, c'est encore une autre histoire!!!